Histoires de migrations

Antoinette Reuter
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Voici une chronologie des migrations au Luxembourg, qui a été rédigée par Antoinette Reuter pour le livret accompagnant le Jeu de cartes HISTOIRES DE MIGRATIONS - LUXEMBOURG.

Reuter, A. & Porta, M. (2018). Histoires de migrations - Luxembourg. Luxembourg: Archives nationales de Luxembourg.

-52 à -57 av. J.-Chr.

Conquête de la Gaule par Jules César, l’espace où se situe l’actuel Grand-Duché est englobé dans l’Empire romain.

Depuis la conquête de la Gaule par Jules César (52 av. J.-Chr.), l’espace entre Moselle, Meuse et Rhin où est situé le Grand-Duché actuel entre dans la mouvance de la République, puis de l’Empire romains.

Du 1er au 5e siècle après J.-Chr., l’Empire romain réunit autour des rives de la Méditerranée l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Au sein de ce territoire, les populations circulent librement. La découverte récente du tombeau d’un officier de la garnison de Trèves originaire de Syrie montre que l’on se déplaçait sur de grandes distances pour des motifs professionnels. Dans l’espace romain s’échangent également les marchandises et les idées. Divers cultes provenant de Grèce, d’Égypte ou du Proche-Orient ont de nombreux adeptes et des temples en nos régions. Parmi ces croyances, le judaïsme et christianisme, tous deux originaires du Proche-Orient, s’établissent localement entre le 1er et le 4e siècle après  J.-Chr.

À partir du 3ième siècle

Poussés notamment par des facteurs climatiques, les peuples germaniques s’établissent sur le territoire de l’empire romain par des moyens pacifiques ou militaires.

À partir du 3e siècle après J.-Chr. des peuples germaniques provenant du centre et du Nord de l’Europe s’établissent sur le territoire de l’Empire romain par des moyens pacifiques ou militaires. Ils ont été repoussés de leur territoire d’origine par d’autres peuples d’Asie centrale fuyant des détériorations climatiques et des pénuries alimentaires. L’espace entre Moselle, Meuse et Rhin est principalement occupé par le peuple des Francs. La langue parlée par les nouveaux venus supplantera le latin de l’administration romaine. Aussi le luxembourgeois d’aujourd’hui est-il une langue germanique, comme l’allemand ou le néerlandais par exemple. 

Charlemagne (vers 742-814) est la personnalité franque la plus connue. Il établit un empire s’étendant des Pyrénées à l’Elbe et de l’Italie à la Manche, ayant Aix-la-Chapelle pour capitale.  Au sein de ce territoire, la population circule librement pour des motifs militaires, commerciaux, voire religieux (pèlerinages). Charlemagne entretient des relations diplomatiques avec des souverains lointains. En 802, le calife Haroun-al-Rachid, gouvernant à Bagdad lui adresse un éléphant indien.

7ième siècle 

Le christianisme est réimplanté sur le territoire par des moines irlandais et anglais.

Lors de l’installation des peuples germaniques en Europe occidentale, le christianisme bien implanté précédemment, s’efface. Il est rétabli par l’action de moines irlandais et anglais qui quittent leurs îles pour rétablir la bonne parole sur le continent. Ceux-ci ne se contentent pas de missionner les populations qu’ils rencontrent, mais mettent également en place des abbayes très importantes, comme par exemple celle de Luxeuil au pied des Vosges ou de Saint-Gall en Suisse. Ces monastères ne sont pas seulement des centres religieux, mais encore économiques – à travers l’exploitation de vastes domaines agricoles –, éducatifs – à travers la mise en place d’écoles, sanitaires – à travers l’ouverture d’hôpitaux et de pharmacies. Au 7e siècle, Willibrord, un moine originaire du Nord de l’Angleterre crée l’abbaye d’Echternach. Celle-ci sera réputée dans toute l’Europe pour le travail de ses moines copistes qui reproduiront des manuscrits selon des modèles provenant des monastères irlandais. 

10ième siècle 

Entre Empire germanique et France : naissance du Comté du Luxembourg et premier bilinguisme pratiqué.

Au cours du siècle suivant la disparition de Charlemagne, son royaume se défait et des entités politiques plus restreintes voient le jour. En Europe occidentale et centrale, le Royaume de France (établi en 911) et le Saint Empire Germanique (mis en place en 962) s’imposeront comme puissances politiques majeures. Dans leur sillage se développent des États plus modestes, dont à partir du 10e siècle le comté de Luxembourg. Celui-ci trouve son origine dans le château fort du Bock autour duquel s’est mis progressivement en place une bourgade. Elle adoptera l’ancien nom des lieux Lucilinburhuc, d’où Luxembourg. Les comtes de Luxembourg élargissent progressivement leur territoire par une habile politique de mariage ou en obtenant que d’autres seigneurs, dont par exemple le comte de Vianden, se placent sous leur autorité. Au 12e siècle leur domaine s’étend entre Namur, Liège, Trèves et Metz. Le Duché de Luxembourg offre la particularité d’être situé sur la frontière linguistique qui à partir du 9esiècle sépare les régions où l’on parle des langues romanes, issues du latin, de celles de langue germanique.  Si le Duché se range du point de vue politique sous l’autorité de l’empereur germanique, ses élites seront fortement influencées par la France. Elles s’exprimeront dans les deux idiomes. Il s’agit là de l’une des sources du multilinguisme du Luxembourg actuel.

1443

Le Duché de Luxembourg devient province des Pays-Bas bourguignons. Les voies commerciales entre Flandre et Italie s’ouvrent.

En 1443, le Luxembourg passe sous le contrôle des Ducs de Bourgogne. Le Comté érigé en Duché en 1355 fait désormais partie des Pays-Bas bourguignons qui constituent un vaste territoire correspondant à peu près aux contours des États formant actuellement le Benelux. Cet espace est traversé par d’importantes voies commerciales reliant l’Italie à la Flandre, à l’époque les régions européennes les plus développées. La mobilité qui se développe le long de cet axe profite également au Luxembourg. Certains de ses habitants font de grands déplacements en tant que charroyeurs (transporteurs de marchandises). En contrepartie des marchands-banquiers italiens, généralement appelés Lombards, d’après la région d’origine de certains d’entre eux, s’établissent au Luxembourg. Ils y créent les premiers organismes de dépôt et de prêt d’argent. On connaît notamment des établissements à Luxembourg et à Echternach. 

1556 

Période espagnole : conflits religieux – une partie des protestants quitte le Duché.

À partir de 1556 les Pays-Bas autrefois bourguignons, dont le Luxembourg, sont gouvernés par la branche espagnole de la maison nobiliaire des Habsbourg. Cette période, dite espagnole, se caractérise par des conflits religieux qui déboucheront sur des guerres. Au cœur de ces différends se trouve l’émergence à l’intérieur de la religion dominante – le catholicisme – d’un mouvement d’opposition aux dirigeants de l’Église, bientôt résumé par le terme protestantisme. Les protestants souhaitent réformer l’Église en abolissant notamment ses richesses et en utilisant pour le culte les langues nationales, compréhensibles de tous, plutôt que le latin, dont la pratique est réservée aux élites. Le roi d’Espagne, souverain des Pays-Bas réprime le protestantisme par les armes imposant la présence exclusive du catholicisme sur ses terres. Des petits groupes d’habitants du Luxembourg passés au protestantisme quittent la région pour s’établir dans des régions où ils peuvent exercer leur nouvelle foi. Des métallurgistes ardennais suivent ainsi des collègues liégeois en Suède, des tisserands de l’Eifel s’établissent en Angleterre ou dans les Provinces-Unies. Cette dernière région correspondant aux actuels Pays-Bas avait pu se soustraire à l’autorité de l’Espagne.

17ième siècle

De nombreux habitants du Duché fuient les guerres meurtrières, la famine et la peste – pendant que les États se disputent les immigrants.

Au 17e siècle, des guerres pratiquement incessantes opposent les puissances européennes pour des motifs territoriaux, religieux et dynastiques. Les habitants du Luxembourg sont mis à dure épreuve. Ils souffrent du passage de troupes « amies » et ennemies, de la famine et de la peste. La population est décimée. Certains villageois décident de fuir cette situation dramatique pour tenter de se mettre à l’abri dans des régions éventuellement plus protégées. Ils partent en groupe en emmenant ce qui leur reste de mobilier et de bétail. Les chercheurs ne commencent qu’à découvrir l’ampleur de ces mouvements. À l’inverse, des immigrés venus notamment de la région des Alpes (Italie du Nord, Tyrol, Vorarlberg, Savoie) viennent repeupler le pays à la fin du 17e siècle. Leur installation est favorisée par divers avantages accordés par le souverain (exemption fiscale pendant dix ans, places à bâtir gratuites). À l’époque on considère en effet que c’est le nombre d’hommes – en capacité de travailler – qui fait la richesse s’un pays.

1715

Période autrichienne : reprise économique et grand essor dans la (re)construction des bâtiments, routes et ponts grâce à la main d’œuvre étrangère des régions alpines.

À partir de 1715, le gouvernement des Pays Bas, dont le Luxembourg, est exercé par la branche autrichienne de la maison nobiliaire des Habsbourg. La période autrichienne, relativement paisible, se caractérise par une modeste reprise économique. Le bâtiment connait un grand essor. Un peu partout dans le pays, on ouvre des chantiers et modernise les habitations, les bâtiments collectifs (églises) et les infrastructures (fortifications, routes, ponts). Diverses abbayes, à l’image de celle d’Echternach sont reconstruites. La main-d’œuvre à l’appui de cette activité vient majoritairement d’ailleurs, notamment du Vorarlberg et du Tyrol (Autriche). La population de ces régions comporte un grand nombre d’artisans spécialisés dans le travail de la pierre. Ils ouvrent notamment des carrières que l’on utilise encore de nos jours. Parallèlement un grand nombre de paysans luxembourgeois émigre vers la région du Banat (aujourd’hui en Roumanie) nouvellement acquise par l’Autriche. Ils sont invités à travers des mises à disposition de terres agricoles à peupler cette région frontalière avec l’Empire ottoman (Turquie).  

1795

Le Duché est annexé par la France qui accorde la liberté des cultes : retour de certaines minorités religieuses.

En 1789, une révolution éclate en France, le roi est écarté et l’égalité des citoyens devant la loi adoptée. Les révolutionnaires exportent leur devise « liberté, égalité, fraternité » au-delà des frontières, y compris par les armes. En 1795, la forteresse de Luxembourg est prise et le pouvoir autrichien chassé. Le Luxembourg est annexé à la France jusqu’en 1814 en tant que « Département des Forêts ».  Désormais, les Luxembourgeois peuvent se rendre partout en France pour le travail, le commerce ou les études. Par ailleurs, des personnes issues de minorités religieuses jusque-là interdites de séjour au Luxembourg peuvent désormais s’y établir, la législation française accordant la liberté des cultes. Une petite communauté juive composée de personnes provenant essentiellement de Rhénanie, d’Alsace et de Lorraine se développe. En 1894, une grande synagogue peut remplacer un temple plus modeste mis en place dans les années 1820. Cet édifice remarquable est profané et détruit entre 1941-1943 par l’occupant allemand.

1815

Congrès de Vienne : naissance du « Grand-Duché de Luxembourg » dans des frontières ressérées sous l’autorité personnelle du roi des Pays-Bas.

À partir de 1799, Napoléon Bonaparte détourne progressivement le pouvoir républicain en France à son profit. En 1804, il se proclame empereur des Français. Son règne est marqué par des conflits pour ainsi dire permanents avec les autres puissances européennes. Des jeunes Luxembourgeois participent de ce fait à des guerres sur tous les champs de bataille de l’Europe et combattent notamment en Espagne ou en Russie. En 1815 une coalition internationale met fin au gouvernement de Napoléon. Au Congrès de Vienne qui réunit les grandes puissances européennes, la carte politique du continent est profondément remaniée. Le Luxembourg qui était un département français pendant la période révolutionnaire et impériale (Napoléon) retrouve son autonomie territoriale dans des frontières resserrées. Il est placé en tant que « Grand-Duché de Luxembourg » sous l’autorité personnelle de Guillaume d’Orange-Nassau qui se trouve à la tête du Royaume des Pays-Bas (Pays-Bas et Belgique actuels) nouvellement créé. En même temps, le Luxembourg fait partie de la « Confédération germanique », un regroupement des États allemands. Ce statut complexe du Luxembourg favorise l’immigration. Les Pays-Bas envoient des cadres administratifs, les États allemands et notamment la Prusse des soldats qui tiennent garnison dans la forteresse de Luxembourg. 

1839

Congrès de Londres : le Grand-Duché de Luxembourg est maintenu sous l’autorité du roi des Pays-Bas.

En 1830, les Belges, excédés par les exigences fiscales du régime hollandais se révoltent et font éclater le Royaume des Pays-Bas en arrachant l’indépendance de la Belgique. Lors de la révolution belge, les Luxembourgeois rejoignent majoritairement la cause belge. Seule la capitale tenue par la garnison prussienne reste sous l’autorité du régime hollandais. Les Luxembourgeois sont donc en cette période par leur propre volonté virtuellement belges. Cependant, du fait de la situation de la capitale, les grandes puissances ne sont pas prêtes à céder le Luxembourg à la Belgique. En 1839, un congrès international se réunit à Londres et propose une solution à une situation qui semble inextricable. Le territoire du Luxembourg est partagé. La Belgique accueille les territoires majoritairement francophones du Luxembourg pour en former la Province du Luxembourg. Le roi des Pays-Bas garde autorité sur un « Grand-Duché de Luxembourg » ramené désormais à ses frontières actuelles. Par cette décision certains Luxembourgeois acquièrent définitivement la nationalité belge, alors que d’autres gardent la nationalité luxembourgeoise. Cet épisode nous montre qu’être d’une nationalité ou d’une autre n’est pas inscrit dans les gènes, mais relève de décisions politiques et administratives.

1842

Le Grand-Duché rejoint l’union douanière du Zollverein allemand et s’offre de nouvelles perspectives économiques.

Le Grand-Duché issu du partage de 1839 est un territoire modeste, limité dans ses aspirations économiques. Pour ses productions, il lui manque à la fois des matières premières et des débouchés. De ce fait, il rejoint en 1842 le « Zollverein » une union douanière des Etats allemands. Ce choix lui qui lui donne accès à un vaste marché commun ouvre de nouvelles perspectives de  développement. De nombreux industriels et artisans allemands viennent s’établir au Luxembourg. La métallurgie traditionnelle se développe et l’ on constate l’éclosion de nouveaux secteurs d’activités, tels que la fabrication de gants ou de tricots, la brasserie ou l’imprimerie. Des entreprises françaises viennent produire au Luxembourg pour profiter de l’accès à des conditions fiscales avantageuses au marché allemand. C’est ainsi que la firme Mercier établie à Epernay déplace une part non négligeable de sa production de champagne au Luxembourg. En 1895, 30.000 bouteilles de champagne sont produites par jour, principalement à destination de l’Allemagne. Le Luxembourg reste membre du Zollverein jusqu’en 1918. 

1859

Ouverture des premières lignes de chemins de fer luxembourgeoises. Émigration de milliers de Luxembourgois(es) vers Paris et la France.

Les premières lignes de chemins de fer luxembourgeoises sont ouvertes en octobre 1859. Elles appartiennent à la Société royale grand-ducale des chemins de fer Guillaume-Luxembourg, fondée en 1857, mais elles sont exploitées par une société française la « Compagnie des chemins de fer de l'Est». Le rattachement du Luxembourg au réseau ferroviaire international favorise les mouvements d’émigration. Une émigration de masse se dirige vers la France, principalement vers Paris. Elle intéresse aussi bien les femmes que les hommes. Les Luxembourgeoises trouvent à s’employer comme domestiques ou bonnes d’enfants auprès des familles bourgeoises, les Luxembourgeois se perfectionnent dans l’artisanat, dans la restauration, mais aussi comme simples manœuvres aux travaux de terrassement du métro. L’émigration vers la France est généralement temporaire. On reste le temps d’amasser un pécule pour se marier ou s’établir. Elle intéresse des dizaines de milliers de ressortissants luxembourgeois. L’émigration des hommes prend fin avec le développement de la sidérurgie au Luxembourg. Celle des jeunes filles continue jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale.

1867

Deuxième congrès international à Londres : le Luxembourg devient pays neutre, la forteresse est démantelée et la granisson prussienne quitte le pays.

En 1867, le Luxembourg se trouve au cœur d’une crise politique internationale. Le roi des Pays-Bas, toujours souverain du Luxembourg entend céder ce territoire à la France. En effet, depuis l’indépendance de la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas n’ont plus de frontière commune. Par ailleurs, la possession du Luxembourg n’a pas grand intérêt pour les Pays-Bas désormais tournés vers la politique coloniale. Le projet hollandais inquiète cependant la Prusse, le plus important État allemand, dont les troupes restent en garnison à Luxembourg. Or, l’acquisition du Luxembourg par la France donnerait à cette dernière non seulement l’une des plus puissantes forteresses d’Europe, mais obligerait la Prusse à retirer ses troupes. La « question du Luxembourg » menace de déclencher une guerre entre la France et la Prusse. Pour désamorcer cette crise, une conférence internationale est réunie à Londres. Celle-ci décide la neutralité du Luxembourg. Sa forteresse est démantelée et la garnison prussienne quitte le pays. Le roi des pays est maintenu à la tête de l’Etat. Cependant, le Luxembourg, qui continue sa participation au Zollverein allemand reste dépendant de l’économie allemande. L’immigration allemande reste de ce fait dominante dans le pays.

1870

Les Luxembourgeois émigrent aux États-Unis.

L’émigration de masse transatlantique est favorisée par la révolution des transports. À partir des années 1860, les chemins de fer transportent les candidats à l’émigration vers les villes portuaires, où ils embarquent sur les navires. Ceux-ci sont désormais non plus à voile, mais à vapeur, ce qui permet de considérablement réduire la durée des traversées désormais limitée à une dizaine de jours à la fin du 19e siècle, alors que l’on mettait précédemment plusieurs semaines. Dans les années 1870, les émigrants luxembourgeois partent du port du Havre en France. Plus tard, ils se dirigent sur Anvers en Belgique. Les personnes qui partent ne sont pas les plus modestes, car elles doivent avoir des ressources pour payer leur passage, même si au fil du siècle, les prix de la traversée diminuent. Dans un premier temps de nombreux candidats à l’émigration sont victimes d’agents d’émigration indélicats qui vendent des passages qui s’avèrent inexistants une fois arrivés dans les ports. Le gouvernement se voit obligé d’intervenir pour réglementer la profession. Les Luxembourgeois émigrent principalement aux États-Unis. De petites colonies se forment dans les villes, notamment à Chicago ou dans les zones rurales, notamment dans l’État du Wisconsin.

À partir de 1870

Essor de la sidérurgie luxembourgeoise : immigration frontalière, d’Italie et d’Europe centrale, concentrée autour du bassin minier luxembourgeois.

L’essor de la sidérurgie luxembourgeoise à partir des années 1870 amène une forte immigration au Luxembourg. Celle-ci se concentre essentiellement au Bassin minier. Plusieurs immigrations s’y retrouvent. À une présente de proximité venant d’Allemagne (Eifel, Hunsrück, Rhénanie, Ruhr), de France (Lorraine) ou de Belgique (Province du Luxembourg) se joignent des arrivées plus lointaines provenant de l’Italie ou de l’Europe centrale. Sans verser dans la caricature, on peut admettre qu’une hiérarchie entre les différentes immigrations s’est mise en place. Les postes d’encadrement étaient généralement occupés par les immigrés allemands, alors que les tâches subalternes, moins bien payées étaient attribuées aux Italiens.

Fin du 19ième siécle

Des Luxembourgeois sont présents dans les colonies des États historiquement liés au Grand-Duché. 

La colonisation offre également des débouchés à l’émigration luxembourgeoise. Si le Luxembourg n’acquiert du fait de sa petite dimension pas de colonies, les ressortissants luxembourgeois sont bien présents dans les colonies de certains États historiquement liés au Grand-Duché. Les Luxembourgeois sont présents au Congo dès la mise en place de cette colonie belge à la fin du 19e siècle et y restent jusqu’à la décolonisation en 1960. Ils y exercent entre autres comme fonctionnaires, entrepreneurs, commerçants, agronomes, médecins. On note la présence d’un grand nombre de missionnaires tant masculins que féminins. Par ailleurs, de nombreux Luxembourgeois s’engagent dans l’armée coloniale néerlandaise présente aux « Indes orientales » (actuelle Indonésie). Ce passée colonial a nourri pendant de longues années un imaginaire paternaliste, voir raciste dont ont eu à souffrir les premiers immigrants venant d’Afrique ou d’Asie, comme les ressortissants du Cap Vert ou du Vietnam.

1914-1918

Fermeture des frontières et renforcement des formalités administratives en période de guerre. Des luxembourgeois et luxembourgeoises sont internés dans des camps.

Le tournant des 19e et 20e siècle se caractérise par une grande mobilité en Europe et au-delà. Le nombre de personnes qui arpentent le continent pour le travail, le commerce ou les études est important. On assiste déjà à une forme de mondialisation. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les frontières se ferment et les formalités administratives se renforcent. Partout des personnes supposées appartenir à une nation ennemie sont internées. De nombreux Luxembourgeoises et Luxembourgeois se sont rendus en France pour travailler sans prendre soin de se doter de papiers d’identité. Pris dans des contrôles, ces ressortissants luxembourgeois sont internés en tant qu’étrangers suspects dans des camps dits de concentration. Tout en n’étant pas comparables aux camps d’extermination nazis de la Deuxième Guerre mondiale synonymes, il s’agit de lieux de rétention fermés, dont les internés ne sortent qu’après de minutieuses enquêtes. Parallèlement des jeunes gens luxembourgeois séjournant en France, choisissent de s’engager pour leur pays d’accueil en tant que soldats dans la Légion étrangère. La Première Guerre mondiale constitue une période où les identités et appartenances son questionnées.

1919

Le passeport Nansen est mis en place à la sortie de la Première Guerre mondiale. Premier statut international du réfugié.

Après la Première Guerre mondiale, la carte politique de l’Europe est remodelée. Les empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman disparaissent au profit d’un plus grand nombre d’États nationaux aux dimensions plus modestes, mais aux frontières encore souvent mal définies. De ce fait le nationalisme y est vif et s’exerce souvent violemment contre des groupes minoritaires présents sur leur territoire. Ceux-ci peuvent appartenir à un groupe ethnique ou linguistique autre que la population majoritaire ou en différer par la pratique religieuse (judaïsme). Les chercheurs estiment que quelque 5 millions de personnes ont été propulsées de la sorte sur les routes de l’Europe. Elles se retrouvent sans nationalité (apatrides), sans état civil, sans papiers qui les autoriseraient à voyager. Pour venir en aide à ces populations déplacées, la Société des Nations (SDN) – un organisme basé à Genève, créé en 1919, à la sortie de la Première Guerre mondiale par divers États dans le but de préserver la paix – met en place les passeports dits Nansen, nommés d’après l’explorateur norvégien Fridtjof Nansen qui est établi comme premier commissaire aux réfugiés par la SDN. Il est généralement considéré que le programme Nansen établit un premier statut international du réfugié. Celui-ci ne s’avérera cependant pas adapté pour venir en aide aux groupes persécutés dans l’entre deux guerres et au cours de la 2e Guerre mondiale par des nouveaux régimes totalitaires (fascisme en Italie, stalinisme en Union soviétique, franquisme en Espagne, nazisme en Allemagne).

Les années 1920

Relance progressive de la sidérurgie luxembourgeoise et nouveau recours à une main d’œuvre étrangère. Parallèlement l’Arbed ouvre des filiales à l’étranger dans lesquelles vont travailler des ressortissants luxembourgeois. 

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’économie luxembourgeoise connaît une importante réorganisation. Tributaire de l’Allemagne entre 1842 et 1918 du fait de son appartenance au Zollverein allemand, elle se tourne vers la Belgique à travers l’« Union économique belgo-luxembourgeoise » (UEBL) signée en 1921. Après une brève stagnation à la sortie de la guerre, la sidérurgie luxembourgeoise tourne à nouveau à plein régime. Même si les Luxembourgeois tiennent désormais une part plus importante dans son personnel, le recours à la main-d’œuvre étrangère reste nécessaire au bon fonctionnement des usines. Les pays d’origine des ouvriers immigrés restent les mêmes qu’avant la Deuxième Guerre mondiale, à savoir l’Allemagne et l’Italie. Parallèlement, la sidérurgie luxembourgeoise qui à perdu le marché allemand cherche à écrouler ses produits vers d’autres destinations. Dans le cadre de cette expansion, un consortium industriel fondé en 1911 et désormais acteur luxembourgeois majeur – les Aciéries Réunies de Burbach, Eich, Dudelange (ARBED) – prend d’importantes participations à l’étranger et notamment au Brésil. De nombreux ingénieurs, techniciens et ouvriers luxembourgeois s’expatrient pour travailler dans ces filiales.

Mai 1940

Près de 40.000 habitants du bassin minier luxembourgeois fuient la guerre entre France et Allemagne.

La Deuxième Guerre mondiale qui embrase le monde entre 1939 et 1945 entraîne des mouvements de population très importants. Parmi les personnes qui fuient la guerre en mai 1940 se trouvent quelque 40.000 habitants du Bassin minier luxembourgeois. Alors que le conflit entre l’Allemagne et la France entre dans une phase active, ils doivent craindre de se trouver sous le feu de la ligne défensive française. Ils sont de ce fait évacués vers la France. Sur les routes de l’Hexagone, ils sont pris dans un flot de quelque 8 millions de personnes (Néerlandais, Belges, populations du Nord et de l’Est de la France, Parisiens) fuyant l’avancée de l’agresseur allemand. Chemin faisant, ils sont mitraillés par l’aviation ennemie. Il y a des morts et des blessés, des familles sont séparées. Stabilisés dans le Centre et Sud de la France, les réfugiés luxembourgeois y resteront jusqu’à l’automne. L’effondrement militaire de la France entraîne leur retour au Luxembourg.

28 juillet 1951

La Convention de Genève fixe la définition et les droits des réfugiés ainsi que les obligations légales des États signataires (dont le Luxembourg).

À l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, près de 30 millions de personnes vivent loin de leur pays d’origine. Elles ont été déportées, déplacées de force ou se sont réfugiées au cours de la guerre ou dans l’après-guerre où de nombreuses frontières ont été remodelées en Europe. Le règlement de leur situation préoccupe la communauté internationale. En attendant, on met en place des organismes pour gérer l’urgence : l’Organisation internationale des réfugiés (OIR) en 1946, puis le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) fin 1950. Le 28 juillet 1951 est adoptée la Convention de Genève. Elle considère comme réfugié tout individu, « craignant avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ». Elle constitue le document-clé dans la définition du réfugié, de ses droits et des obligations légales des Etats signataires. Le Luxembourg est parmi les premiers États signataires de la Convention.

1950-1960

Reconstruction et modernisation du Grand-Duché grâce à la main d’œuvre italienne venue avec des permis de travail restrictifs.

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le Luxembourg a besoin de main d’œuvre, notamment pour la reconstruction et la modernisation du pays. L’immigration reprend. Elle est dans un premier temps surtout masculine et provient essentiellement d’Italie. Les immigrés italiens des années 1950 et 1960 sont principalement employés dans le bâtiment. Leurs permis de travail sont très restrictifs – rester attaché au même patron, ne pas changer de secteur – et parfois saisonniers. Les conditions de vie de ces travailleurs sont dures. Ils habitent dans des foyers pour célibataires ou des pensions de famille. Il n’y a pas de droit à la réunification familiale pour ceux qui ont femme ou enfants en Italie.

À partir de 1951

Mise en place des institutions européennes. Venus de tous les pays de l’Union, des fonctionnaires et leurs familles s’installent au Luxembourg.

À la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, les puissances alliées victorieuses lors de la guerre se découvrent des intérêts divergents. L’URSS étend son contrôle sur l’Europe centrale, alors que les États-Unis restent très présents dans l’Europe de l’Ouest. Dans une Europe qui d’après un homme politique anglais, Winston Churchill, est désormais traversée par un invisible « rideau de fer », les deux puissances fortement armées se font face. Dans ce contexte et dans le souvenir des guerres meurtrières qui ont à deux reprises déchiré le continent au cours du 20e siècle, de nombreux Européens s’expriment en faveur d’une unification de l’Europe. Le processus est enclenché par la création en 1951 de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) à laquelle adhèrent l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Le Traité de Rome crée en 1957 la Communauté économique européenne (CEE), le Traité de Maastricht en 1992, l’Union européenne (UE). Au fils des ans, les États fondateurs seront rejoints par 22 autres pays. Le processus d’unification européenne crée une citoyenneté européenne. Les ressortissants de l’Union ne bénéficient désormais pas seulement de droits dans leur propre pays, mais également dans les autres États membres. Cette évolution favorise la mobilité entre les États membres. Au Luxembourg, la majeure partie des personnes immigrées continue à provenir d’un autre État de l’Union européenne. Elle aboutit aussi à la mise en place d’une fonction publique européenne autour des institutions européennes. Venus de tous les pays de l’Union, les fonctionnaires européens et leurs familles représentent un apport de quelque 20.000 personnes au Luxembourg.

1960

Des familles d’agriculteurs des Pays-Bas s’intallent au Grand-Duché de Luxembourg.

Les migrations sont généralement vues comme un phénomène lié à l’industrie. Or, dans les années 1960, des dizaines de paysans néerlandais, généralement originaires de la province du Limbourg, ont pris en charge des fermes au Luxembourg. Généralement bien formés, ils ont apporté un vrai dynamisme à un monde agricole à la main d’œuvre vieillissante. Ils ont introduit des nouveautés dans les techniques de mise en culture des terres, dans l’élevage et dans la transformation laitière.

1972

Traités de main d’œuvre signés avec le Portugal et la Yougoslavie. La question du recrutement est désormais gérée par l’État et non plus directement par le patronat.

Au cours des années 1970, le Luxembourg reste chroniquement tributaire de l’apport d’une main d’œuvre étrangère. Avec le développement de l’économie italienne, le filon péninsulaire s’étiole. Dans ce contexte, l’État luxembourgeois entreprend des négociations avec des pays potentiellement disposés à envoyer des travailleurs au Luxembourg. Des traités de main-d’œuvre sont ainsi signés en 1972 avec le Portugal et avec la Yougoslavie (aujourd’hui disparue). La question du recrutement n’est donc désormais plus gérée par le patronat, mais par l’État. L’accord avec le Portugal est à l’origine de l’importante immigration portugaise. Celle-ci est favorisée par l’adhésion du Portugal à la CEE en 1986. Les immigrés portugais bénéficient de ce fait des droits inhérents à la citoyenneté européenne. Aussi l’immigration portugaise est-elle devenue rapidement familiale, la réunification des époux et des enfants ne posant plus problème. Les femmes portugaises s’engagent également sur le marché du travail et favorisent de ce fait le taux de l’emploi féminin au Luxembourg.

1979

Le Grand-Duché réinstalle des réfugiés vietnamiens.

Au lendemain de la Guerre, les relations entre les puissances alliées victorieuses lors de la Deuxième Guerre mondiale se détériorent. La communauté mondiale se divise en deux blocs hostiles, celui capitaliste mené par les États-Unis et celui communiste dirigé par l’Union soviétique. Comme la peur d’une guerre nucléaire interdit tout affrontement direct entre les grandes puissances, celles-ci expriment leurs rivalités sur des terrains secondaires. Le mouvement de décolonisation qui se développe en Afrique et en Asie à la sortie de la guerre en constitue un exemple type. Les grandes puissances interviennent ainsi dans les luttes des peuples qui aspirent à une légitime indépendance des puissances européennes qui les ont colonisés (Belgique, France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni). Ces conflits, à l’exemple de la Guerre du Viêt Nam (1955-1975) provoquent l’exode de nombreux réfugiés. A partir de 1978, des dizaines de milliers de personnes quittent le pays en guerre par voie de mer. Ces « boat people » aboutissent essentiellement à Hong Kong ou en Australie où ils sont placés dans des camps. Devant l’importance de l’afflux, certains pays européens, dont le Luxembourg acceptent d’accueillir sur leur territoire un quota de réfugiés vietnamiens.

1985

Les accords de Schengen instaurent la libre circulation pour les ressortissants des pays signataires entre les frontières de leurs territoires.

En 1985, les accords de Schengen instaurent la libre circulation pour les ressortissants des pays signataires sur le territoire de ces États. L’espace Schengen passe de 5 membres fondateurs à 28 pays aujourd’hui, dont des États qui ne ressortent pas de l’Union européenne, comme l’Islande, la Norvège et la Suisse. 

Le traité de Maastricht (1992) institutionnalise la citoyenneté européenne. Celle-ci comporte notamment le droit de participer dans les différents États de l’Union en tant qu’électeur ou candidat à l’élection aux élections européennes et communales dans les mêmes conditions que les ressortissants nationaux. Au Luxembourg, les étrangers issus de l’Union européenne ont pu participer pour la première fois aux élections européennes en 1994, aux élections communales en 1999, ceci sous réserve d’une certaine durée de résidence.

À partir de 1990

La mobilité transfrontalière devient une source essentielle pour le marché de l’emploi luxembourgeois. Chaque jour de nombreux frontaliers viennent travailler au Luxembourg.

À partir des années 1990, la mobilité transfrontalière est devenue une ressource essentielle pour le marché de l’emploi luxembourgeois. Au 1er trimestre 2018, le pays compte 190.000 frontaliers, dont la moitié viennent de France contre un quart respectivement d’Allemagne et de Belgique. Ces salariés sont engagés dans de nombreux secteurs économiques, notamment les services, les finances, les travaux publics, l’industrie, l’artisanat, la santé.  Un nombre non négligeable de frontaliers sont des Luxembourgeois qui se sont expatriés vers les régions frontalières pour trouver à se loger à un meilleur prix qu’au Grand-Duché. L’importance de l’apport des frontaliers soulève régulièrement la question de leur participation à la vie publique au Luxembourg.

1991-2001

Guerre dites de Yougoslavie : les conflits violents poussent un grand nombre de personnes à chercher refuge dans les pays de l’Union européenne, dont le Luxembourg.

Entre 1991 et 2001, les guerres dites de Yougoslavie opposent en une série de conflits violents les différentes entités de l’ancienne République fédérative socialiste de Yougoslavie. Leurs causes sont religieuses, politiques, économiques, culturelles et ethniques. En Europe, ces guerres furent les plus meurtrières en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. On estime que leur bilan humain s'élève à 150 000 morts dont deux tiers de civils, s'accompagnant de 4 millions de personnes déplacées. Un grand nombre de personnes cherche refuge dans les pays de l’Union européenne. En 1999, au plus fort de la guerre dite du Kosovo, le Luxembourg accueille 2.921 personnes, à savoir 474 demandes de plus que lors de l’année de la « crise des réfugiés » 2015. Lors de ces arrivées il apparaît que les conditions de protection traditionnelles sont parfois insuffisantes pour tenir compte de motifs de persécution non encore prévus par la loi, tels que par exemple le genre. Des statuts subsidiaires de protection temporaire permettent de provisoirement tenir compte de ces cas complexes.

2004

Création de l’agence FRONTEX et renforcement du contrôle aux frontières européennes.

Si les accords Schengen facilitent la mobilité interne des ressortissants des Etats membres à travers l’abolition des contrôles aux frontières, ils contrôlent également plus strictement l’accès à l’espace Schengen par la mise en place d’une politique de visas commune. En 2004 est créée l’agence européenne pour la gestion de la coopération aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (Frontex), renommée depuis « Agence de garde-côtes et de garde-frontières européens ».

2005

Le droit de vote aux éléctions communales est ouvert aux ressortissants des pays tiers.

Pour les élections communales de 2005, le vote actif a été ouvert aux personnes issues de pays ne relevant pas de l’Union européenne.

19 juillet 1997

Modification du code pénal. Le racisme et toute forme de discrimination sont punis par la loi. 

Depuis 1997, le Luxembourg dispose d’une loi contre le racisme qui vient renforcer d’autres dispositions du code pénal s’opposant à la xénophobie, au racisme, à l’antisémitisme, au négationnisme (affirmation que la Shoah serait une invention et n’aurait pas eu lieu). Cette législation a été portée par un double mouvement national et européen. Au Luxembourg elle est une réponse à des faits publics inquiétants (par exemple profanation de tombes israélites, manifestations néo-nazies etc.). Elle a servi également récemment pour condamner des propos haineux propagés sur les réseaux sociaux. Parallèlement s’est établi au niveau européen, notamment comme suite à l’Année européenne contre le racisme (1998), une série de mesures antidiscriminatoires. Au Luxembourg le Centre pour l’égalité de traitement (CET) a été créé par la loi du 28 novembre 2006. Il agit en toute indépendance et a notamment pour mission d’analyser les cas ressentis comme discriminatoires qui lui sont soumis.

2010

L’immigration se diversifie de plus en plus sous l’effet de la mondialisation. Au moins 170 nationalités issues de tous les continents sont désormais représentées au Luxembourg.

Les migrations touchant le Luxembourg – immigration, comme émigration – sont aujourd’hui marquées par la mondialisation. Alors qu’autrefois l’immigration était caractérisée par la présence de groupes numériquement importants venant d’un petit nombre de pays – Italie, Portugal, par exemple – elle a aujourd’hui tendance à se diversifier. Même si la grande majorité des étrangers, à savoir 86%, provient d’un pays de l’Union européenne, celle-ci compte aujourd’hui 28 pays contre 6 à ses origines. 170 nationalités issues de tous les continents sont désormais représentées au Luxembourg. Cette diversité est notamment le fruit de l’installation de filiales de sociétés multinationales au Luxembourg ou de la reprise de firmes luxembourgeoises par des acteurs internationaux. Le Luxembourg reste également un pays d’émigration. Un nombre non négligeable de détenteurs de passeports luxembourgeois vit à l’étranger pour des motifs personnels (mariage) ou professionnels. On note par exemple la présence de communautés croissantes en Asie (Chine, Hongkong, Singapour) ou en Amérique latine (Brésil).

À partir de 2008

Les étrangers ne doivent plus se séparer de leur nationalité d’origine en devenant luxembourgeois.

L’État intervient plus activement dans la réglementation et la gestion sur la question d’intégration. En 2008, le Luxembourg s’est doté d’une loi d’accueil et d’intégration. Cette loi ne définit non seulement les différentes catégories d’étrangers susceptibles de se trouver au pays (immigrés, demandeurs de la protection internationale, …), mais développe aussi l’idée d’une réciprocité des efforts d’intégration à fournir par l’Etat accueillant et ses ressortissants d’une part, les candidats à l’accueil et l’intégration d’autre part. Pour mettre en œuvre les nouvelles dispositions est créé l’Office d’Accueil et d’Intégration (OLAI). Ont été créés également des instruments devant accompagner le processus d’intégration des personnes étrangères tels le Contrat d’accueil et d’intégration comportant la participation à des cours de langues ou d’instruction civique ou plus récemment le Parcours d’intégration s’adressant plus particulièrement aux demandeurs de protection internationale. 

Le pourcentage des étrangers présents dans la population résidente du Luxembourg croit régulièrement et avoisine les 50%. Cette situation peut être ressentie comme un déficit démocratique, l’écart entre le « pays réel », c'est-à-dire les personnes qui contribuent au bien-être général par leur travail et par leurs impôts et le « pays légal », c'est-à-dire les personnes qui disposent du droit de vote et peuvent de ce fait décider du sort du pays, se creusant. Pour remédier à cet état de choses, une nouvelle loi devant faciliter l’accès à la nationalité luxembourgeoise a été mise en œuvre en 2008. Elle accepte la double nationalité. Les étrangers ne doivent plus se séparer de leur nationalité d’origine en devenant Luxembourgeois. Adaptée à plusieurs reprises depuis 2008, la loi offre également des facilités aux personnes nées au Luxembourg de parents étrangers ou ayant accompli leur scolarité au Grand-Duché en étendant les possibilités d’option. La naturalisation de personnes n’ayant à l’origine pas de lien avec le Luxembourg reste cependant soumise à la certification de la pratique de la langue luxembourgeoise et de connaissances civiques ainsi qu’à des conditions de résidence. 

2012

Début de la construction d’un cadre légal pour la question des déplacés climatiques transnationaux (réfugiés climatiques)

Les épisodes climatiques néfastes (sécheresses, inondations, ouragans…) sont de plus en plus fréquents suite au changement climatique en cours. Si toutes les régions du monde en souffrent, toutes n’ont pas les mêmes moyens d’y résister. C’est surtout en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Asie que des pans importants de population sont obligés de quitter leur région d’origine. Ce sont des réfugiés climatiques.

Si le terme est apparu pour la première fois en 1985 dans un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il n’existe à ce jour dans le monde aucun statut juridique pour les déplacés environnementaux. En 2012, la Suisse et la Norvège ont lancé l’initiative Nansen. Celle-ci adoptée en octobre?2015 par 109 États, dont le Luxembourg, s’est donné comme mission de définir  un «?agenda de protection?» et de construire un cadre légal international sur la question des déplacés climatiques transnationaux. Elle n’est cependant toujours pas mise en œuvre.

2015-2016

Pour fuir les conflits qui font rage en Orient, des Syriens, Irakiens et Afghans viennent chercher refuge en Europe et au Luxembourg.

En 1990, les États membres de l’Union européenne signent la Convention de Dublin qui établit les critères dans lesquels ils sont responsables de l’examen d’une demande d’asile. Ces règles visent à limiter l’examen au fond d’une demande par un seul État membre clairement déterminé, à savoir celui qui a joué le rôle le plus important dans l’entrée du demandeur sur le territoire de l’UE. Dans la plupart des cas, il s’agit du pays de première entrée du candidat à la protection sur le territoire de l’UE.  En cas de dépôt massif de demandes d’asile dans un seul État membre, le nouveau système permettra de répartir les demandeurs entre les différentes pays membres. Les règlements Dublin II et Dublin III précisent les conditions d’accès au statut appelé désormais de protection internationale. Ils renforcent le contrôle de l’identité des demandeurs en créant notamment une banque de données commune, mais apportent aussi des avancées en tenant compte de la condition de mineur non accompagné et en précisant les droits à la réunification familiale. 

L’année 2015 est connue comme étant celle de la « crise des réfugiés ». Les événements du Proche-Orient (Syrie, Irak), les naufrages de réfugiés en Méditerranée et la détresse des personnes évoluant sur la route des Balkans sont très présents dans les médias. En 2015, 2.447 personnes ont déposé une demande de protection internationale, en 2016, 2.035, en 2017, 2.322. En 2017, l’autorité d’immigration a accordé le statut de protection internationale à un tiers des personnes dont elle a traité les dossiers.  Le Luxembourg a reçu par ailleurs plusieurs groupes de personnes venant de Grèce ou d’Italie dans le cadre du processus européen de relocation des réfugiés. Si effectivement ces dernières années bon nombre de demandeurs provenaient du Proche-Orient, d’autres étaient originaires de terrains conflictuels moins médiatisés, tels l’Erythrée. Les déboutés du statut de protection internationale doivent quitter le pays, sauf régime de tolérance exceptionnel accordé dans certains cas.

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